Sommaire : Trois questions à Emmanuel Ménager | L'actualité de la semaine | Théories et concepts | La recherche en pratique | Enseignement | Manifestations | Le livre de la semaine |
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directeur commercial IDS Scheer
Asti-Hebdo : Fondée par un universitaire pour commercialiser des logiciels de gestion des processus, IDS Scheer fait-elle toujours de la recherche ?
Emmanuel Ménager : Faisons-nous de la recherche ? En tous cas, on peut nous considérer comme une entreprise toujours en pointe, toujours à la recherche de ce qui pourrait justifier l'emploi de nos concepts et de nos produits par les entreprises dans les deux ou trois ans qui viennent. Nous voulons avancer dans la mise en oeuvre d'outils qui aident le dirigeant à mieux piloter l'entreprise, certes à partir d'un support informatique, mais avec une vision aussi économique que possible.
Filiale d'une entreprise allemande, nous ne faisons pas de la recherche proprement dite à notre niveau, mais nous nous inscrivons dans une réflexion et nous fournissons des éléments de réflexion sur les attentes des clients.
La recherche se concentre au sein d'une équipe de notre siège de Sarrebruck. Et nous coopérons étroitement avec l'institut IWI, Institut für Wirtschaft-Informatik, animé par notre fondateur, le professeur Scheer.
Nous avons une réunion mensuelle à Sarrebruck, le "product consulting meeting". Elle est pilotée par des consultants senior de haute voltige, qui apportent des idées sur les projets et recueillent en même temps la sensibilité des différents marchés. L'institut IWI participe à cette réunion. Nos liaisons avec l'université ne se limitent pas là. Certains de nos consultants nous quittent pour reprendre une carrière universitaire.
IDS est aussi une pépinière de petites entreprises. Nous sommes en train de doubler notre immeuble de Sarrebruck pour fournir une structure d'accueil à nos partenaires, et nous planifions la construction d'un troisième immeuble dans le même esprit.
Le professeur Scheer a bien réussi cette symbiose entre recherche et activité de l'entreprise. Il s'est retiré des aspects opérationnels, mais reste toujours proche de la maison qu'il a fondée, et surtout il la pousse à investir sur ce que seront les outils de demain.
Hebdo : Quel est le thème central de vos recherches ?
E.M. : Le concept central de l'Institut et des activités de notre entreprise est l'approche par les processus et l'analyse des échanges d'information, concepts qui d'ailleurs ne se réduisent pas à l'informatique. Et il existe de nombreux domaines où cette approche n'a pas encore pénétré. Ce thème central se décline actuellement selon plusieurs axes.
Par exemple, un de nos partenaires a mis au point une technologie de visualisation tridimensionnelle des processus, pour permettre au concepteur, à partir d'une vision plane, de naviguer et d'intégrer à son action une vision spatiale du bureau. En effet, pour certains processus, il est important de se rendre compte de façon assez précise comment il se déroule dans l'espace. Même en bureautique, tout ne se passe pas à l'écran et au clavier : il faut évaluer l'importance des mouvements physiques pour prendre le téléphone, et plus encore pour se déplacer à l'intérieur ou à l'extérieur du bureau.
Nous nous intéressons aussi à la gestion des risques. La banque, par exemple, a un savoir-faire déjà ancien sur le risque financier proprement dit. Mais beaucoup moins sur les risques liés aux processus. Il y a d'importants progrès possibles si l'on étudie le déroulement des activités bancaires et les risques que l'on prend en ne prenant pas telle ou telle précaution, en ne formant pas suffisamment telle catégorie de personnel, en ne mettant pas en place les outils informatiques ad hoc.
Aujourd'hui, la notion de risque reste peu formalisée, et en tous cas on ne la rattache pas aux processus. Cela peut expliquer nombre d'échecs du "e-business". Or il y a des outils qui permettent de faire l'analyse de l'enchaînement des risques. Nos clients commencent à les mettre en place. Mais il faudra développer des modèles mathématiques qui s'appuient sur des statistiques, afin de hiérarchiser les actions à mener, dans une logique économique. Notre travail sur le risque ne débouchera sur le marché qu'en 2002 ou 2003, et n'arrivera pas à maturité avant 2005. La validation de ces modèles exige en effet la collecte de données statistiques qui ne peuvent être disponibles au départ.
Nos outils font aussi apparaître aussi que, dans un grand nombre d'entreprises, le client est présent dans les discours mais pas décrit dans les processsus. Des solutions technologiques avancées sont supposées répondre à l'attente du client... mais le client n'est décrit nulle part, et moins encore ses attentes. De ce point de vue, la nouvelle norme ISO 9000-2000 est un réel progrès.
Enfin, nous poussons nos clients à se créer une culture "composants", en matière de logiciels mais aussi de concepts. L'analyse de solvabilité d'un client, par exemple, peut s'analyser en différentes procédures. On peut définir ce qu'est un contrôle, une vérification. La définition de ces concepts dans une entreprise déterminée ou d'un secteur économique contribue à créer une culture nouvelle.
Cette culture doit s'appliquer à l'EAI (Enterprise application integration). L'utilité de ces produits est de comporter des interfaces qui permettent l'intégration des composants applicatifs. Mais on ne peut se limiter à une vision purement informatique de l'intégration. Si l'on n'a pas une bonne compréhension des fonctionnalités des composants logiciels, de leur utilisation, de leur rôle dans les processus de l'entreprise, les composants seront mal utilisés.
Hebdo : Que pensez-vous de la situation française ? Ce n'est peut être pas par hasard que SAP est allemand et non français ?
E.M. : Les recherches et développements en Allemagne sont plus centrés sur les approches intégrées avec une forte composante processus. Les étudiants sont imprégnés d'une démarche processus. Le professeur Scheer a eu quelques contacts avec les chercheurs français, par exemple avec Guy Doumeingts à l'université de Bordeaux, avec lequel il y a eu des échanges.
Mais la situation évolue favorablement. Nous avons de bons contacts avec de nouveaux professeurs qui lancent de nouveaux enseignements, notamment à Troyes, Valenciennes et Clermont-Ferrand. A Paris-Dauphine, parfois, les moyens manquent, mais j'y interviens de temps en temps pour présenter l'offre d'IDS. Les étudiants dévorent ce qu'on leur donne, ils aimeraient approfondir une démarche par les processus qui leur paraît naturelle.
En revanche, les jeunes stagiaires que nous formons à l'analyse des processus dans les entreprises avec notre produit Aris ont parfois - dans un premier temps, car insuffisamment préparés - peur de son abstraction. Ils ont peur de s'engager sur une voie de garage et demandent à travailler au niveau opérationnel. Heureusement, de plus en plus et très rapidement, ils y reviennent, pressentant mieux sur le terrain que le management par les processus est un enjeu extrêmement important et directement opérationnel pour les entreprises dans les cinq ans qui viennent.
Les photos de la réunion, qui s'est tenue à l'Institut universitaire de France.
Le conseil a précisé le programme d'action pour 2002, notamment la participation de l'association au Sitef de Toulouse (23-26 ocbobre).
Antoine Petit est nommé vice-président chargé des relations internationales.
Un concept toujours au top de l'actualité. L'Inria y consacre une bonne partie de son dernier numéro d'Inédit, citant ses travaux en collaboration avec de grands groupes comme Texas Instruments ou Alcatel, mais aussi avec une start-up comme Mic2, dont le président Michel Lederman a présenté la dynamique dans notre numéro 39.
Toujours dans Inédit, un petit article sur Icema, le coeur numérique, partie du projet Sosso (Inria Rocquencourt).
Le premier working draft de la "RDF Model Theory" vient de sortir. On y trouvera une théorie sémantique précise de RDF et RDFS, et un approfondissement des concepts de conséquence et d'inférence dans ce type de modélisation. A lire sur le site du W3C Sur le même site, un nouveau Working Draft pour les schémas XML.
Une société américaine perfectionne un système informatique soi-disant capable d'anticiper les actes terroristes. Baptisé Karnac, le projet entend bien selon Transfert Net "empiéter" sur certaines libertés élémentaires.
Encore dans la répression (disons plutôt le dépistage...) Internet Actu Flash du 2 octobre 2001 signale la naissante d'Ipium, première création du jeune éditeur français Laurion. L'interface d'Ipium est un simple navigateur, où s'affichent, encadrées de rouge, les copies honteuses. "Plagiaires de tous les pays, écrasez vos fichiers !", conclut le journaliste (MJ).
De même qu'il faut préserver la bio-diversité, pour raisons écologiques, il faut maintenir et accroître la techno-diversité des accès à l'information. "C'est l'action la plus urgente et la façon la plus simple de régler les problèmes de fracture numérique" pense Yves Lasfargues, consultant, directeur de l'Observatoire et des conditions de travail et de l'ergostressie, en conclusion de propos recueillis par Dominique Martinez, Le Monde Initiatives, octobre 2001.
On trouvera une analyse précise (et critique) du projet de loi dans le numéro d'octobre d'Expertises.
Sous le titre "Sectes, guerre ouverte sur le web", Transfert publie dans son numéro 18 un substantiel dossier : "Pour les sectes, Internet est devenu un moyen de communication oblité, un outil de propagande à moindre coût. Mais dans le camp d'en face, les anti-sectes, ex-adeptes ou militants associatifs, sont, eux aussi, montés sur le Réseau. Grâce aux groupes de discussion et à quelques sites, ils mènent la bataille de l'information contre les organismes sectaires".
Un thème de recherche ?
La Revue des télécommunications d'Alcatel consacre son numéro du troisième trimestre 2001 à la recherche et à l'innovation. Les thèmes, indique Christian Grégoire, vice-président recherche et innovation, se répartissent en quatre domaines stratégiques :
Le numéro comprend un dossier sur les réseaux et technologies optiques. Il propose aussi plusieurs articles sur les conditions pratiques de coopération avec le groupe : incubateurs (fonds d'amorçage d'entreprise par capital risque), collaboration avec les universités et avec l'Inria.
On peut s'abonner gracieusement à cette revue (à condition de décliner son profil sur le questionnaire fourni) sur le site allemand du groupe : http://www.alcatel.de/atr.
A comparer, par exemple, à la stratégie de Thales présentée dans le dernier numéro d'Asti Hebdo.
Dans quelles écoles ont été formés les managers de l'Internet ? Le site EmploiCenter vient de publier un dossier sur ce sujet en inventoriant le parcours de plus d'un millier de cadres dirigeants. (d'après C.D. © Le Quotidien des RH).
Sous le haut patronage de la Mairie et du Rectorat de Paris en partenariat avec les universités, les écoles d'ingenieurs et les principaux organismes de recherche, vous êtes invités à participer a l'opération Fête de la science : "Les chercheurs parlent aux enfants", du 15 au 20 octobre.
Contact : Christian Tremblay.
...une conférence-débat se tiendra à Paris le 25 octobre (de 15 à 19 heures à l'auditorium du CPA, immeuble CCIP, 6 avenue de la porte Champerret, 75017 Paris), sur le thème "Intelligence de la complexité, ingénierie de l'interdisciplinarité". Sous la présidence de François Kourilsky, avec des contributions de Jean-Louis Le Moigne et Edgar Morin. Organisation : MCX.
Le grand rendez-vous quadriennal de l'Ifip se tiendra à Toulouse en 2001. L'Asti contribuera au succès de cet événement.
Publié chez Hermès sous la direction de Corinne Cauvet et Camille Rosenthal-Sabroux, cette imposante publication montre parfaitement pourquoi les entreprises (et les chercheurs de pays comme l'Allemagne, voir l'interview ci-dessus), ont bien du mal à trouver dans nos universités des interlocuteurs en matière de systèmes de gestion.
La matière est abondante, très dense., la conceptualisation structurée, la bibliographie considérable et présente presque à chaque ligne. Il ne manque que... le contact avec le terrain et ses réalités concrètes. Quels DSI (ne parlons pas des chefs d'entreprise ou des maîtres d'ouvrage) pourraient trouver ici matière à nourrir leur réflexion ou leur action ?
Et pourtant certains chapitres mettent l'eau à la bouche, à commencer par "les systèmes d'information à l'épreuve de l'organisation" et la série des grands thèmes classiques (spécification, ingénierie des besoins, aide à la décision, traçabilité...). Même des concepts plus avancés comme la métamodélisation ou les agents informationnels pourraient allécher les plus scientifiques des informaticiens d'entreprise. Mais comment ne se décourageraient-ils pas de poursuivre dès qu'ils se plongent dans le détail des articles !
Qui, et quand, saura trouver le truc, le paradigme ou le coup de gueule qu'il faudrait pour rétablir un dialogue interrompu chez nous depuis quelques trois décennies ? Pierre Berger
Dans ses catalogues de parutions daté de juin, juillet et août 1981, L'harmattan recense de nombreux titres intéressants relatifs aux Stic :